1,3 million d’euros. Voilà le seuil à partir duquel l’impôt sur la fortune commence à peser sur certains contribuables. Un chiffre qui ne parle qu’à une poignée, mais qui cristallise bien des débats. L’impôt sur la fortune, ou plutôt ce qu’il en reste aujourd’hui, ne concerne qu’une frange réduite de la population. Son nom, sans ambiguïté, vise les patrimoines les plus étoffés. Rares sont ceux qui s’y frottent vraiment, tant la fortune demeure un horizon lointain pour la majorité. Mais derrière cette mécanique fiscale se cachent des réalités souvent méconnues, que l’on vous propose d’éclairer : trois aspects parfois ignorés de l’impôt sur la fortune.
La mue de l’impôt sur la fortune : place à l’IFI
Le passage de l’ISF à l’IFI n’est pas le fruit du hasard, mais d’un engagement de campagne du président Emmanuel Macron. Le principe ? Restreindre la taxation aux seuls actifs immobiliers, tirant ainsi un trait sur l’imposition des placements financiers ou autres biens. Les règles de calcul, elles, reprennent une grande partie de l’ancien système : les taux restent inchangés et la résidence principale continue de bénéficier d’un abattement de 30 %. Autrement dit, la distinction majeure entre l’ISF et l’IFI se niche dans la composition du patrimoine imposable. Désormais, plus question de prendre en compte les actions ou les liquidités : seuls les murs, terrains et autres biens immobiliers font l’objet de l’impôt.
L’impôt sur la fortune : un mécanisme progressif, ancré dans le réel
La taxation de la fortune n’a jamais été figée dans le marbre. Sa conception prend en compte l’évolution des avoirs : l’achat d’un immeuble, la vente d’un terrain, la valorisation d’une collection d’art… tout cela peut faire basculer un foyer dans la zone imposable. À l’époque de l’ISF, seuls les détenteurs d’un patrimoine supérieur à 1,3 million d’euros étaient concernés. Ce patrimoine, au sens large, englobait aussi bien les biens immobiliers que les meubles, les placements, les revenus issus de l’usufruit, toute richesse détenue par les personnes assujetties. Un détail qui compte : pour le calcul de la base imposable, la valeur de la résidence principale est automatiquement réduite de 30 %. Une mesure qui allège quelque peu la facture pour ceux dont le logement représente le cœur de leur patrimoine.
Un impôt retouché pour inciter à l’investissement
Le virage de l’ISF vers l’IFI s’explique par la volonté affichée de dynamiser l’économie. L’idée était simple : en épargnant les placements financiers de la taxation, on encourage les détenteurs de capitaux à soutenir les entreprises et à alimenter la croissance. Les montants en jeu ne sont pas anecdotiques : jusqu’à 4 milliards d’euros de recettes annuelles pour l’État, du temps de l’ISF. Cette transformation a provoqué de vives discussions. Beaucoup estiment que l’immobilier n’incarne qu’une portion du patrimoine des plus riches. Résultat : l’État pourrait bien voir ses recettes fondre, faute de pouvoir taxer l’ensemble des actifs détenus par les grandes fortunes.
L’impôt sur la fortune, qu’il cible la globalité du patrimoine ou seulement la pierre, restera une question sensible. Entre justice fiscale et incitation à l’investissement, le débat ne semble jamais tout à fait refermé. La fortune, elle, continue de se déplacer, d’évoluer, de se réinventer. Et l’impôt, toujours, tente de suivre la trace.

