1909-1914 : la silhouette féminine s’étire, le corset relâche son étreinte, la taille remonte, les tissus se font plus légers. Les maisons de couture accélèrent la cadence, imposant un renouvellement inédit. Pourtant, certains créateurs continuent d’ignorer le découpage saisonnier, préférant suivre leur propre tempo.
Chez les hommes, la mode sort lentement de son immobilisme. Le costume trois-pièces demeure la norme, mais des signes subtils de confort émergent. Les accessoires, eux, se font remarquer : chapeaux surdimensionnés, chaussures à boutons, tout porte la marque d’une envie d’innover, même si les conventions sociales restent puissantes.
La Belle Époque : un âge d’or de l’élégance en France
La Belle Époque ne ressemble à aucune autre période : Paris se transforme en vitrine vivante, où la luxure des tissus et l’audace des coupes se lisent à chaque coin de rue. La mode devient l’expression visible des bouleversements sociaux, culturels et politiques du début du XXe siècle. Les allées du Bois de Boulogne, les salons feutrés, les loges de théâtre reflètent la libération du corps féminin, jusque-là inédite. Soie, mousseline, dentelle : chaque matière révèle une envie d’affirmation et de raffinement.La signature de Coco Chanel commence à poindre. Elle renverse les codes, fait disparaître les corsets, défend la simplicité, la modernité. Les créatrices osent, mais la société hésite encore. La mode accompagne la montée d’une bourgeoisie nouvelle, l’essor de la presse féminine, la généralisation des loisirs. La mode féminine s’émancipe, la silhouette se transforme, le mouvement devient une revendication.Le spectaculaire s’affiche sans complexe : chapeaux surdimensionnés, accumulation de plumes, silhouettes allongées. La figure de Cléo de Mérode incarne cet esprit : muse et danseuse, elle symbolise une féminité conquérante, sophistiquée, qui inspire créateurs et admirateurs.
Voici ce qui caractérise cette époque foisonnante :
- Extravagance des accessoires et des tenues
- Libération du corps par l’abandon progressif du corset
- Influence croissante de créatrices comme Chanel
- Résonance de la mode avec les changements sociaux et culturels
La Belle Époque demeure le creuset d’une modernité naissante, où le goût du luxe côtoie le désir d’émancipation, et où la France invente une nouvelle façon d’être élégante.
Quels bouleversements ont transformé la mode entre 1715 et 1914 ?
En France, la mode traverse deux siècles de mutations profondes. Les idées nouvelles, l’industrialisation et les transformations sociales font évoluer le vêtement bien au-delà d’un simple ornement. La mode féminine subit une révolution : le corset du XVIIIe siècle, symbole ultime de contrainte, finit par disparaître sous la poussée de créateurs comme Paul Poiret et grâce à l’évolution du contexte politique.Poiret révolutionne la silhouette : robes légères, tailles hautes, inspirations venues d’Orient, tout s’éloigne de la rigidité héritée de l’Ancien Régime. Jeanne Paquin bouscule les usages : premier défilé de mode, nouvelles manières de présenter et penser le vêtement. Du côté masculin, les évolutions sont plus discrètes, mais bien réelles : la coupe se raffine, s’inspire de l’Angleterre, le costume trois-pièces impose sa sobriété.La Première Guerre mondiale accélère ce mouvement. Les femmes investissent massivement le monde du travail, les matières premières se raréfient, le vêtement se simplifie. Le corset disparaît, les jupes raccourcissent, les lignes deviennent plus nettes. Désormais, la mode traduit le besoin de liberté et de praticité, et non plus seulement le rang ou la richesse.
Pour mieux comprendre ces grandes ruptures, voici les grands tournants marquants :
- Fin du corset : synonyme de modernité et d’émancipation
- Défilé de mode : outil de diffusion et d’innovation stylistique
- Simplification vestimentaire : conséquence de la guerre et de l’évolution des mœurs
Portraits et silhouettes : à quoi ressemblaient les tenues emblématiques des années 1910 ?
Au fil des années 1910, la silhouette féminine s’affranchit des carcans anciens. Sous l’impulsion de Paul Poiret, le corset s’efface : la silhouette devient droite, mobile, presque androgyne. Les robes longues adoptent une taille haute, les jupes effleurent la cheville, l’allure se fait aérienne. Mousseline, crêpe de soie, taffetas s’imposent, souvent rehaussés d’imprimés floraux, de broderies, de motifs d’inspiration orientale ou Art nouveau.Les manches gigot du siècle précédent cèdent leur place à des manches fines, parfois transparentes, qui laissent deviner la délicatesse du bras. Le chapeau s’élargit, se dresse en dôme ou s’étire vers l’arrière, couvert de plumes, de soie ou de dentelle. Pour les sorties mondaines, la mante légère ou l’écharpe de fourrure viennent parfaire l’ensemble.Du côté des hommes, le costume trois-pièces règne sur la ville. Veste ajustée, gilet, pantalon à pince : la coupe se fait anglaise, les couleurs s’assombrissent. Le canotier ou le haut-de-forme ponctuent les tenues de cérémonie, tandis que la cravate s’affiche avec précision. À la ville comme à la campagne, la distinction se niche dans les détails : montre à gousset, canne élégante, souliers vernis.La mode de la Belle Époque incarne une société en pleine transformation, où l’audace flirte avec la tradition et où l’aspiration au confort devient une affirmation de soi.
La modernité s’invite dans les garde-robes : influences, innovations et héritage
Au tournant des années 1910, la mode française lance des mutations qui vont marquer durablement le XXe siècle. Rapidement, les années 1920 imposent la silhouette garçonne : robes à la taille basse, lignes droites, chapeau cloche. Coco Chanel mène la charge, libérant le corps, prônant un minimalisme chic qui tranche avec l’opulence d’avant-guerre. Le style flapper incarne cette période : audace, décontraction, affirmation de l’autonomie féminine.Pendant les années 1930, la coupe en biais fait son apparition, soulignant les formes sans les contraindre. La féminité s’exprime à travers des robes de soirée sculptées, des tailleurs en laine, des coiffures courtes et ondulées. L’entre-deux-guerres privilégie l’élégance sobre, fruit de la nécessité mais portée par l’inventivité des maisons de couture.La Seconde Guerre mondiale bouleverse la donne : pénurie de tissus, vêtements simplifiés, omniprésence de l’uniforme. Puis, le choc Dior en 1947 : le New Look réinvente la silhouette avec une taille marquée et des jupes amples. Dès lors, chaque décennie façonne ses propres repères : la mini-jupe de Mary Quant dans les années 1960, le triomphe du prêt-à-porter, l’avènement du sportswear dans les années 1980, le minimalisme des années 1990. La mode vintage se nourrit de ces héritages, chaque époque dialoguant, transformant sans cesse le passé.Plus récemment, la multiplication des influenceurs et l’épreuve de la pandémie rebattent les cartes. Confort, diversité, brouillage des frontières de genre s’imposent. La mode, fidèle reflet des bouleversements de la société, garde en mémoire ces métamorphoses, du corset disparu à la liberté des silhouettes contemporaines.Au fond, la mode des années 1910 n’a rien d’un simple souvenir : elle continue d’inspirer, de questionner, de défier. Les traces de la Belle Époque se retrouvent dans chaque audace, chaque réinvention, chaque envie de liberté qui anime notre rapport au vêtement.


